Bon matin chères lectrices et chers lecteurs,
Prenez le temps de vous reposer… de lire un peu.
Plaisir de la lecture
Un livre a toujours été pour moi un ami, un conseiller, un consolateur éloquent et calme, dont je ne voulais pas épuiser vite les ressources et que je gardais pour les grandes occasions.
Oh! quel est celui de nous qui ne se rappelle avec amour les premiers ouvrages qu’il a dévorés ou savourés!
La couverture d’un bouquin poudreux que vous retrouverez sur les rayons d’une armoire oubliée ne vous a-t-elle jamais retracé les gracieux tableaux de vos jeunes années?
N’avez-vous pas cru voir surgir devant vous la grande prairie baignée des rouges clartés du soir lorsque vous le lûtes pour la première fois, le vieil ormeau et la haie qui vous abritèrent et le fossé dont le revers vous servit de lit de repos et de table de travail, tandis que la grive chantait la retraite à ses compagnes et que le pipeau du vacher se perdait dans l’éloignement?
Oh! que la nuit tombait vite sur ces pages divines! Que le crépuscule faisait cruellement flotter les caractères sur la feuille pâlissante!
C’en est fait: les agneaux bêlent, les brebis sont arrivées à l’étable, le grillon prend possession du chaume de la plaine. Les formes des arbres s’effacent dans le vague de l’air, comme tout à l’heure les caractères sur le livre.
Il faut partir… Ô les saules de la rivière! Ô ma jeunesse écoulée! Ô mon vieux chien qui n’oubliait pas l’heure du souper et qui répondait au son lointain de la cloche par un douloureux hurlement de respect et de gourmandise.
G. Sand
Bonne journée tranquille,
Lysette