Bonjour Ginette,
Claude Roques
2) L’association libre des “idées incidentes” lors du récit du rêve est un moyen d’exploration nécessaire et suffisant du matériel onirique. Ni la multiplicité des connexions possibles entre représentations (“surdétermination”), ni les liens affectifs qui unissent le rêveur au praticien auquel il se raconte (“transfert”) ne constituent un obstacle, au contraire. Les résultats de cette méthode ne sont donc sujets ni au hasard ni à la suggestion.
3) L’essence du rêve est d’accomplir un désir, ou du moins, une tentative pour l’accomplir. L’état du corps ou de l’esprit fournit juste l’occasion matérielle de son expression dans le rêve. Ce désir est sexuel, infantile, égoïste et inconscient.
4) Il faut distinguer le “contenu latent” et le “contenu manifeste” du rêve. Entre les deux, sauf parfois chez les enfants, prend place une déformation exigée par la “censure” interne au rêveur, dont la cause finale est un autre désir “préconscient” du Moi de rester endormi, et d’échapper à l’angoisse (surtout sexuelle). On peut spécifier les opérations en jeu dans cette déformation, où l’expression symbolique du désir joue un rôle crucial, confirmé par d’autres données, psychopathologiques et anthropologiques. Les antinomies des théories traditionnelles découlent des multiples effets de ce “travail du rêve”.
5) L’opposition manifeste / latent implique que l’esprit ait une part inconsciente. De celle-ci resurgissent les désirs refoulés par le Moi. Ce refoulement dans l’inconscient révèle une dynamique des rapports de force, entre affects comme entre représentations. Les rêves sont donc des “formations de compromis” entre ces forces en conflit, et ils sont construits de façon analogue aux symptômes névrotiques.
6 On peut construire une explication naturaliste (i.e. causale) du processus de déformation en quoi consiste l’action de l’inconscient, si le psychisme est conçu sur le modèle de l’arc réflexe. La thèse 5. est donc réductible à une hypothèse neurophysiologique.
7) Non seulement les rêves des névrosés sont interprétables, mais par les prémisses 2., 3. et 6., la solution à l’énigme de leur signification cause la résolution des symptômes, pourvu qu’il y ait reviviscence affective des contenus subjectifs en jeu. Le rêve névrotique avère du coup la structure hypothétique du psychisme, et confirme la théorie du rêve normal. La symptomatologie hystérique spécifie enfin quelle type de causalité joue dans l’appareil y , ce qui lie substantiellement l’interprétation du rêve à la cure psychanalytique.
Une présentation de Ginette Villeneuve. Merci Claude Roques pour cet envoi.
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