Du fond de sa prison, Jean, qui a baptisé Jésus dans le Jourdain, est assailli par le doute.[1] Il perd pied et envoie ses disciples demander à Jésus qui il est vraiment. Il est étonnant de constater qu’un témoin aussi privilégié que Jean le Baptiste puisse ainsi tout remettre en question. Si Jean, dont Jésus nous dit qu’il n’y a pas d’homme plus grand que lui, en arrive à douter à ce point, pourquoi serions-nous meilleurs que lui ?
Nous pouvons avoir été catéchisés depuis l’enfance et avoir tout oublié de nos convictions. Nos vies avec Dieu peuvent aussi ronronner confortablement et perdre toute saveur. J’ai longtemps eu une vie sans problème apparent avec Dieu : Il ne me dérangeait pas et je pensais ne pas le déranger, une vie tranquille mais sans flamme. Je pense que je vivais une forme d’emprisonnement alors que je me croyais libre. Mon propre cachot était la routine, une vie trépidante et l’absence d’une véritable quête de Dieu.
Ma conversion s’est faite à un moment improbable, la mort de mon fils. Là où j’aurais pu haïr Dieu, j’ai découvert de façon éclatante qu’Il était passionné de moi. Et je suis devenue passionnée de Lui. Le moment pouvait paraître incongru mais, avec le temps qui passe, je réalise que Dieu m’a proposé un nouveau plan de vie et qu’Il m’a donné la preuve que, jamais, Il ne m’avait abandonnée.
Jean Baptiste était en prison physiquement et ce temps de réclusion l’a poussé à une forme de désespoir. Quelles sont les prisons qui nous mènent à douter, à ne plus croire, ou, pire encore, à oublier l’éventualité de l’existence de Dieu ? Jean a pris le temps de réfléchir et il a posé une question. S’interroger sur Dieu, n’est-ce pas déjà faire un premier pas vers lui ? En lui faisant une demande, nous lui permettons de franchir la barrière qui nous séparait de lui. (…)
Si nous devenons, dans notre obscurité, « chercheur de Dieu », Dieu nous aidera à sortir de notre enfermement. Il nous veut libres, et donc, Il nous laisse la faculté de le choisir ou pas. Nous ouvrons alors notre cœur et notre esprit, nous nous préparons à écouter et ensuite à recevoir. Dieu ne forcera jamais notre porte, son respect pour nous est tel que ses interventions à notre égard seront des propositions, pas des obligations.
Cécile Paris
Avent dans la Ville
le 15 décembre 2013
www.aventdanslaville.org
[1] Évangile selon saint Matthieu, chapitre 11, verset 2 et 3